Du sang et de la rouille

Voici une nouvelle fantastique et horrifique que j’ai eut l’occasion d’écrire avec une camarade de classe. Elle est centrée sur le Slenderman, une créature effrayante inventée sur Internet.

Bonne lecture 😉

Ce dessin n’est pas de moi mais de l’artiste nick-tyrrell ; )

Le vent sifflait sur le toit du manoir. Tout était en friche, des mauvaises herbes poussaient dans les fissures qui craquelaient les pavés du petit chemin, menant au perron de la bâtisse. La peinture de la façade s’effritait. On aurait dit qu’il n’y avait point d’âmes qui vivent.

Je sonnai à la porte et ressentais une certaine appréhension, mais me repris bien vite. Cela était ridicule d’avoir peur d’une maison délabrée, même absurde !

Derrière la porte, il me sembla entendre un sifflement glauque et continu qui approchait. Je crus distinguer des petits cliquetis, semblables à des cadenas qui se déverrouillaient. Soudain, la porte s’entrouvrit lentement dans un grincement sinistre. Une voix éraillée et fantomatique me fit sursauter :

— Vous feriez mieux de partir !

Je fus surpris et outré à la fois par cet accueil peu chaleureux. Cependant, je ne me décourageai pas pour autant.

— Hum… Bonjour ? Je suis Lucius Murphy, votre nouveau voisin. Je… je viens d’emménager à Napinka et … hum… je vous apporte quelques gourmandises pour me présenter.

Il y eut un long silence. Cependant, il fut coupé par une réponse cinglante :

— Connaissez-vous la légende du Slenderman ?

Ces derniers mots me firent frémir. Pourquoi avais-je si peur ? Cette simple phrase me donnait l’impression que mille yeux me fixaient.

— Visiblement non, continua la voix gutturale. Sachez que dans ce village sévit une créature sortie des Enfers… Nuls ne connaît sa véritable apparence, car tous les témoins ont mystérieusement disparu. Cependant, certains racontent qu’elle enlèverait les enfants, d’autres qu’elle serait anthropophage, mais une chose est sûre, le Slenderman plonge ses victime dans la démence !

Alors qu’il parlait, une atmosphère pesante et malsaine s’était installée, et les lieux semblaient devenir de plus en plus inquiétants. Durant un instant, j’eus l’impression de ressentir une présence oppressante… Était-ce… ? Non, c’est impossible, cette chose ne peux pas exister. Je me repris :

— C’est vous qui êtes dingue ici ! Jamais je ne croirais les sottises d’un ermite pas net comme vous !

Puis je partis d’un pas décidé, tout en essayant de chasser de mon esprit ce conte absurde.

***

Il était déjà bien tard lorsque je me préparai à aller me coucher. Soudain, je crus entendre un hurlement sourd qui me figea sur place. Je jetai un coup d’œil par la fenêtre et aperçu sous le ciel sans étoiles une silhouette sombre qui se détachait dans la brume opaque. Impossible de définir la personne (ou la chose ?) qui rôdait dans la rue d’en face. Un intrus ? Mécontent d’être dérangé si tard, je saisis un couteau suisse, ou cas où s’il s’agissait d’un rustre ou d’un ivrogne, et je sortis pour vois de quoi il retournait. Je m’approchai de l’individu et remarquai qu’il paraissait étrangement grand et mince comme… lui ? Je secouai ma tête ; je prenais beaucoup trop cette histoire au sérieux.

— Eh, vous ! l’interpelai-je.

Seul un inquiétant grognement me répondit. Je commençai à paniquer. Les mots de mon étrange voisin se bousculaient dans ma tête. Une peur incontrôlable me gagnait peu à peu, comme les griffes d’un démon qui s’emparait de mon cœur. Je resserrai dans ma main ma piteuse arme mais alors, brusquement, j’ouvris mes yeux.

J’étais couché sur le lit de ma calme chambre, mais mon cœur battait la chamade et des sueurs froides coulaient sur mon front. L’effroyable hurlement résonnait encore dans ma tête, une horrible tempête qui me donnait un mal de crâne terrible, mais elle fut interrompu par la mélodie aiguë de ma sonnette.

Je pris un instant avant de réagir, encore sous le choc, et je me levai pour m’approcher de la porte d’entrée. Tout en tentant de contrôler mes tremblements, j’abaissai la poignée et découvris sur le seuil un homme inconnu, sans doute un villageois. Il semblait perturbé et déclara :

— Hum… Bonjours, M.Murphy, désolé de vous déranger si tôt, mais nous avons retrouvé un cadavre complètement déchiqueté proche de votre domicile. Une enquête a été lancée ; nous vous conseillons de rester prudent.

Cependant, je n’écoutais plus. Mon corps était paralysé par une peur insoutenable.

— Imp…impossible ! murmurai-je. Il n’est pas réel… Non !

Le villageois me dévisageait, l’air interdit, comme si j’étais un illuminé.

— C’est lui ! m’écriai-je soudain. Ce ne peut être que lui ! C’EST LE SLENDERMAN !

Et je claquai violemment la porte.

***

Je ne sais plus combien de temps s’était écoulé depuis que je n’ai plus revu la lumière du soleil. Des jours ? Des semaines ? Peut-être même des mois ? Je ne sais plus… Je ne sais plus rien.

Je ne parvenais plus à dormir, de peur de le revoir. Des cernes noires s’étaient dessinées sous mes yeux. On aurait dit que mon visage était plus livide que la mort elle même… Je n’arrivai plus à me nourrir correctement à cause de la terreur constante qui planait sur moi, et une maigreur effrayante me rongeait. En revanche, les meurtres continuaient dans le quartier, et ils étaient toujours aussi violents. J’observai mon visage pâle dans un miroir, et m’exclamai à voix haute, comme pour me convaincre moi même :

— C’est le Slenderman, te dis-je ! LE SLENDERMAN !

Je contemplai mon visage décomposé. On m’avait traité de fou, mais j’étais certain d’avoir vu le monstre.

Mes yeux dérivèrent alors sur un petit objet métallique qui semblait briller non loin sur le plancher. Je m’approchai et m’aperçus qu’il s’agissait du couteau suisse de cette fameuse nuit. Il était maculé de taches sombres. Du sang ou de la rouille ? Je m’abaissai pour saisir la lame et tournai ma tête vers le miroir.

À ce moment là, j’eus une vision des plus atroces. Un corps à la fois humanoïde et démoniaque se tenait derrière moi. Il était plus maigre qu’un cadavre et plus noir que le plumage des corbeaux annonciateurs de malheur. Il n’y avait nulle forme sur son visage, seulement une face froide et livide, celle du désespoir !

Je tombai à la renverse en hurlant d’effroi. Lentement, je tournai la tête derrière moi, et m’aperçus qu’il n’y avait que la pénombre inquiétante de ma maison. Nulle trace du monstre…

Je me relevai, sans parvenir à calmer mes tremblements, et observai mon visage dans le miroir. Il était toujours aussi pâle et livide, et mon corps frêle et famélique. Mes énormes cernes noires cachaient mes yeux au point qu’on ne les voyait plus. Ce reflet, c’était celui du Slenderman.

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